J'ai découvert aussi Jeanne Cherhal, dont j'aime beaucoup la chanson "Voilà"...
Et puis, merci à Anne Chiboum de m'avoir fait découvrir cette chanson de Gainsbourg, l'Aquoiboniste.
"...Je suis tortue et je
suis belle
Il ne me manque que des ailes
Pour imiter les hirondelles..."
Desnos
L'autre problème, c'est que la charge de travail de l'entreprise est insuffisante pour pouvoir affecter les ouvriers concernés sur un autre poste de travail. Alors, les fois précédentes, le chef d'atelier, avec l'aval de la direction, avait décidé de renvoyer les travailleurs chez eux:
-"Les heures seront rattrapées plus tard".
Et ils étaient repartis de l'usine sans avoir travaillé. Une fois la machine réparée, le chef d'atelier avait sonné le rappel.
-"Il faut rattraper le retard" leur avait-il dit en guise d'encouragement.
Eux savaient ce que cela signifiait: des heures de travail en plus, non rémunérées et encore moins considérées comme des heures supplémentaires. Il en fut ainsi à chaque nouvel ennui technique qui paralysait la chaîne. Malheureusement, le remplacement de cet équipement de travail n'était pas programmé dans de brefs délais.
Ce jour donc, lorsque Mme X va prendre son poste dans l'atelier, elle sait ce que la maîtrise ou l'encadrement va lui demander: quitter l'usine.
Elle s'est levée à 4h00 du matin, a parcouru 50 kilomètres avec son véhicule pour ce travail à l'usine. Elle estime avoir été suffisamment conciliante lors des pannes précédentes. Aujourd'hui, lorsque le chef de ligne lui dit: "Il y a un problème, tu peux rentrer chez toi, on te rappellera", elle refuse. Elle est venue pour travailler, qu'on lui donne du travail, sur une autre machine, peu importe...elle ne veut pas perdre une autre journée.
-"Il n'y a pas assez de travail ailleurs. La machine ne sera pas remise en état avant demain. On te téléphonera" insiste le chef.
-"Ça commence à me coûter cher cette histoire !" proteste-t-elle. Elle parle du prix de l'essence, de l'usure de la voiture, du "petit" que son mari va déposer tout à l'heure chez l'assistante maternelle...Les collègues qui travaillent avec elle sur la chaîne l'approuvent: "Ça suffit, on nous prend pour des pions !".
-"Je n'y peux rien , je fais ce que je peux" dit le chef. Finalement, Mme X et ses compagnons de travail repartiront chez eux après que l'encadrement ait confirmé la position du chef de ligne. Les protestations auront été vaines.
Elle est excédée Mme X lorsqu'elle me téléphone pour me raconter tout cela et pour savoir "s'"ils ont le droit de faire ça ?". Auparavant, elle a téléphoné à la Directrice des Ressources Humaines, celle-ci lui a expliqué que c'était un cas de force majeure, que l'entreprise avait le droit de faire récupérer ces heures de travail perdues, que chacun devait faire un effort, se retrousser les manches en ces temps difficiles.
-"Non, ce n'est pas un cas de force majeure". Je lui explique que cette panne n'était pas imprévisible et insurmontable (critères qui caractérisent la force majeure). Vu le nombre de pannes passées, c'était quasiment couru d'avance qu'une nouvelle panne surviendrait tôt ou tard. De plus cette panne n'est pas insurmontable puisqu'ils vont la réparer, comme les fois précédentes.
-"Par conséquent, ça ne peut faire l'objet d'une récupération et vous devez percevoir votre salaire sans aucune retenue." Elle est soulagée Mme X, elle va téléphoner à la DRH pour lui dire cela et elle va en parler également au secrétaire du comité d'entreprise.
Quelques minutes plus tard, la DRH me téléphone. Elle n'est pas d'accord avec mon analyse que lui a rapportée Mme X. J'argumente de nouveau, mais rien n'y fait, elle maintient qu'elle est en droit d'exiger des salariés concernés la récupération des heures de travail non effectuées.
Encore un litige qui sera probablement tranché par le conseil des prud'hommes si une solution amiable n'est pas trouvée rapidement. Histoires classiques de flexibilité, d'exécution du contrat de travail, d'intérêts divergents..."